- L’histoire de Burj Khalifa
- Dans les coulisses de la construction de Burj Khalifa
- Les fondations
- Le défi de la corrosion
- La construction des étages
- Isolation thermique et résistance aux vents
- Les systèmes d’ascenseurs
- Le travail sur le chantier
- Les entreprises de construction
- Oscillation au sommet : est-ce que la tour Burj Khalifa bouge ?
Avec ses 200 étages, dont 160 sont habitables, le Burj Khalifa est un immense gratte-ciel visible à 95 kilomètres à la ronde.
Derrière cette tour aux dimensions impressionnantes, se cache une véritable prouesse technique qui a contribué à faire de Dubaï le symbole mondial du luxe et de la démesure.
L’histoire de Burj Khalifa
S’élevant à 828 mètres au-dessus du sol, le Burj Khalifa est la structure autoportante la plus haute du monde.
Le projet, né de la volonté de l’émir Mohammed ben Rachid Al Maktoum de faire de la ville émiratie la première destination touristique du monde (et de s’émanciper de l’or noir), a été développé par le promoteur Emaar, l’un des poids lourds de l’immobilier à Dubaï.
La construction de cette mégastructure a été confiée à Adrian Smith (architecte en chef) et Bill Baker (ingénieur en chef), deux experts américains de renommée mondiale.
Le design de la tour est directement inspiré de la forme de l’Hymenocallis, aussi appelée lys-araignée, une plante rare que l’on cultive à Dubaï et en Inde.
Conception
L’entreprise Emaar annonce le projet de construction.
Ouverture du chantier
Les travaux de construction débutent.
Plus haute tour du monde
Burj Dubaï devient la plus haute tour du monde, avec 512 mètres, devant la tour Taipei 101 à Taïwan.
Fin des travaux extérieurs
Les derniers panneaux de verre sont installés, l’extérieur de la tour est terminé.
Inauguration
La tour est ouverte (partiellement) au public. Un énorme feu d’artifice clôt la cérémonie d’inauguration.
À noter également que le cheikh Mohammed a révélé en 2016 que l’idée d’ériger un tel building à Dubaï remontait aux années 1960, lorsque son père et lui se sont rendus à New York pour visiter l’Empire State Building.
De 560 mètres à 828 mètres
Au départ, la tour était appelée “Burj Dubaï”. Il a fallu attendre son inauguration le 4 janvier 2010 pour qu’elle soit rebaptisée “Burj Khalifa”, en l’honneur du Cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, actuel président des Emirats Arabes Unis et principal soutien financier du projet (il donnera au total 10 milliards de dollars).
Le gratte-ciel devait initialement atteindre, une fois achevé, une hauteur de 560 mètres, soit l’édifice le plus haut du Moyen Orient. Toutefois, face à d’autres projets concurrents, l’ambition du promoteur a été revue à la hausse pour qu’il atteigne les 828 mètres. Sa hauteur finale est d’ailleurs restée confidentielle jusqu’en 2007.
À noter que de nombreux niveaux ne sont pas habitables, mais servent uniquement à maintenir l’équilibre de la structure. Ils sont représentés en gris dans la projection ci-dessous.
Logements, bureaux, hôtels…
Erigé en un temps record, le Burj Khalifa est le fruit d’un investissement astronomique de 1,5 milliard de dollars. À titre de comparaison, le One World a coûté 3,9 milliards de dollars.
Couvrant une surface totale de 309 473 mètres carrés, il abrite 1044 appartements de luxe, 4 piscines, un restaurant gastronomique et le somptueux hôtel Armani qui occupe les 15 premiers étages de la tour.
Les derniers étages ont été affectés à des bureaux d’entreprise.
Deux belvédères offrant une vue panoramique sur Dubaï ont été aménagés. Le premier est situé au 124ème étage (442 mètres d’altitude) et le second au 148ème (555 mètres).
Dans les coulisses de la construction de Burj Khalifa
Les fondations
Pour mettre en place les fondations du gratte-ciel, les constructeurs ont eu recours à 45 000 mètres cubes de béton, soit un poids de 110 000 tonnes.
Pour soutenir le poids du gratte-ciel et pallier à l’instabilité du sol, de gigantesques trous ont été percés dans le sable. Ils ont permis d’accueillir 192 pieux de béton haute performance, enfoncés sur environ 50 mètres de profondeur. Chacun de ces pieux affiche une longueur de 43 mètres pour un diamètre de 1,5 mètre.
Au-dessus, c’est une dalle de béton de 4 mètres d’épaisseur qui a été coulée.
Le défi de la corrosion
Afin de limiter la corrosion causée par le contact avec les substances chimiques des eaux du sol, un système de protection cathodique a été déployé pendant la construction de l’ouvrage.
Concrètement, un courant électrique est déployé entre le matériau à protéger et une anode auxiliaire (aussi appelée déversoir de courant). Sa puissance est ajustée de façon à retarder la corrosion du métal en question.
Celui-ci assure donc la protection de la tour contre un effondrement.
C’est un système souvent utilisé pour protéger d’autres structures métalliques en contact avec un environnement aqueux, à l’instar des canalisations d’eau, des piliers métalliques des gazoducs, etc.
La construction des étages
En moyenne, un étage était construit tous les 3 jours.
Cet exploit a été rendu possible grâce à l’utilisation d’une grue hydraulique appelée « grue-kangourou ».
Plus de détails dans cette vidéo qui explique notamment comment le béton, mélangé à de la glace pour ne pas qu’il se solidifie trop rapidement, a été pompé la nuit depuis le sol jusqu’aux différents étages.
Isolation thermique et résistance aux vents
La construction des façades du Burj Khalifa a nécessité l’utilisation de 1 830 tonnes d’aluminium et de 142 000 m² de verre architectural de type SunGuard, un matériau produit par l’entreprise luxembourgeoise Guardian Luxguard.
Il s’agit d’un vitrage réfléchissant, capable de compenser l’énorme quantité de lumière que reçoit le bâtiment, situé, rappelons-le, dans une région désertique où les températures peuvent facilement atteindre les 50°C.
Grâce à son revêtement spécial (une combinaison d’argent et de titane), seulement 15% de l’énergie solaire pénètre dans le bâtiment. Sans lui, la température à l’intérieur de la tour pourrait atteindre les 98°C !
Les 28 000 panneaux de verre ont également une résistance à des vents pouvant souffler jusqu’à 250km/h.
Pour l’anecdote, le nettoyage complet des 26 000 fenêtres nécessite 3 à 4 mois et l’intervention de 36 ouvriers.
Les systèmes d’ascenseurs
À l’intérieur de la tour, 8 escaliers mécaniques ont été installés, ainsi que 57 ascenseurs.
Parmi ceux-ci, certains sont à double pont : ils desservent simultanément 2 étages.
Le plus rapide de ces ascenseurs peut atteindre une vitesse de 110mètres par seconde, ce qui équivaut à 36 km/h.
Le travail sur le chantier
Au total, ce sont 12 000 ouvriers de 30 nationalités différentes qui ont été mobilisés entre 2004 et 2010 pour construire le Burj Khalifa. Il leur a fallu près de 22 millions d’heures de travail pour achever ce chantier titanesque.
Les ouvriers venaient principalement d’Asie du Sud-Est. Leurs conditions de travail ont été pointées du doigt à plusieurs reprises, notamment par des associations de défense des Droits de l’Homme.
Les ouvriers étaient payés en moyenne 4 dollars par jour, soit 2,85 euros. Les charpentiers étaient quant à eux rémunérés 7,60 dollars par jour, soit 5,50 euros. Compte tenu de ces conditions, certains ouvriers ont exprimé leur ras-le-bol le 21 mars 2006, lors d’une grêve.
Plusieurs actes de vandalisme visant des voitures, des bureaux et des équipements de construction ont été observés lors de cette journée. Selon les autorités officielles, les dégâts ont été estimés à près d’un million de dollars, soit environ 700 000 euros.
Les entreprises de construction
Comme indiqué plus haut c’est Emaar Properties qui a été le promoteur du projet.
L’entreprise a travaillé en partenariat avec le cabinet d’architecture américain Skidmore, Owings and Merrill (SOM) et avec un consortium composé du groupe belge Besix, de la multinationale Arabtec et de l’entreprise coréenne Samsung C&T Engineering & Construction.
Cette dernière n’en était pas à son coup d’essai puisqu’elle avait participé auparavant à la construction de la Taipei 101 à Taïwan (2001), et à celle des tours jumelles Petronas de Kuala Lumpur en Malaisie (1998).
Turner Construction Company, une entreprise américaine, s’est vue confier la direction du projet.
Emaar s’est également associée à Hyder Consulting, spécialisée dans l’architecture et l’ingénierie. Cette dernière s’est chargée du calcul des façades et des structures, mais aussi de la réalisation des systèmes électriques, hydrauliques, mécaniques et sécuritaires. Hyder Consulting a également réalisé l’étude géotechnique des fondations.
Enfin, c’est l’entreprise américaine Otis Elevator Company qui s’est occupée de la conception des systèmes d’ascenseurs et d’escalators.
Oscillation au sommet : est-ce que la tour Burj Khalifa bouge ?
Avec une construction aussi gigantesque, plusieurs défis devaient être relevés par les concepteurs. Au premier rang desquels, la résistance au vent, car la région est régulièrement frappée par des tempêtes, notamment l’été.
L’objectif était de mettre en place une oscillation efficace, peu gênante pour les occupants du Burj Khalifa et qui n’allait pas affecter l’aspect esthétique et architectural du projet.
Une quarantaine de tests en soufflerie ont donc été effectués. Ils ont permis de déterminer la forme de la base en Y, avec 3 structures principales s’imbriquant autour d’une solide colonne centrale.
Au total, 26 niveaux intermédiaires, de taille dégressive, s’enroulent progressivement en spirale vers le ciel. Cette forme irrégulière a pour avantage de perturber le vent : elle l’empêche de s’amplifier et de former des tourbillons.
Toutefois, cela n’empêche pas le Burj Khalifa de bouger : il oscille d’environ deux mètres au niveau du sommet.